Les Actualités / Décès du chevalier Charles Vandenhove, membre associé de la Classe des Arts

Décès du chevalier Charles Vandenhove, membre associé de la Classe des Arts

Né le 3 juillet 1927 à Teuven, Charles Vandenhove est décédé le 22 janvier 2019, à Liège. Il avait élu associé de l'Académie royale de Belgique le 29 mars 2012.

C’est à l’École Saint-Luc de Liège, en 1945 que Charles Vandenhove entame sa formation. Dès ce moment, il se lie d’amitié avec Lucien Kroll. Tous deux continuent leur cursus académique jusqu’en 1951, à La Cambre. Vandenhove choisit de s’inscrire dans l’atelier de Victor Bourgeois. Ce sont des années d’émulation avec la rencontre de personnalités comme Max Bill et Henry van de Velde en Suisse ou encore Le Corbusier à Paris. Dès la fin des études, les deux jeunes architectes s’associent jusqu’en 1958. Charles Vandenhove fonde alors son propre bureau et décroche ses premières commandes publiques. Dans l’enchaînement des projets se dessine une cohérence de formes mais aussi d’attitudes. L’architecte liégeois figure parmi ces créateurs qui ont su assimiler les caractères du mouvement moderne, non pas pour les actualiser par un vocabulaire remis au goût du jour mais pour bien pour les transcender. Ses grands chantiers des années 1960 montrent le sens et la qualité de ses recherches axées sur des valeurs de monumentalité, de force, de dépouillement, de simplicité et de sobriété.

Dans les années 1970, Charles Vandenhove donne une inflexion à ses reherches. Ses réalisations d’alors montrent la charge prospective de ses études. Les habitations qu’il dessine témoignent notamment d’emprunts à l’architecture classique. Mais surtout, il travaille sur le CHU du Sart Tilman commandé au milieu des années 60 et que la plupart des commentateurs considèrent comme son œuvre majeure. À la fin de la décennie, Vandenhove se concentre également sur deux projets essentiels : la transformation de l’Hôtel Torrentius à Liège et une rénovation dans le quartier de Hors-Château. Il faut aussi relever la reconnaissance internationale que connaît Charles Vandenhove dans les années 1980. Il travaille à quelques exceptions près en dehors de Belgique. À Paris, il construit le Théâtre des Abbesses. Mais c’est surtout aux Pays-Bas qu’il est sollicité : entre 1990 et 2010, c’est plus de 20 projets, tant publics que privés qui lui sont commandés un peu partout dans le pays.

Charles Vandenhove s’est toujours mobilisé pour l’intégration des arts plastiques à l’architecture. Pierre Chabard et Eriz Mézil ont publié sur cette question des ouvrages qui en donnent une vision exhaustive. Parmi les différents bâtiments qui intègrent des œuvres, on peut épingler le CHU où ont travaillé 11 plasticiens dont Léon Wuidar et Jacques Charlier ou le palais de justice de s’Hertogenbosch achevé en 1998 : Vandenhove a installé, dans les salles d’audience, des tapisseries dont les cartons ont été confiés à 9 artistes dont Jan Dibbets, Marlène Dumas, Ludwig Gerdes, Luc Tuymans, Jeff Wall…

Les dernières réalisations de Charles Vandenhove attestent encore de sa volonté de recherche. Sans cesse, elle aura, pendant plus de 60 ans, fait évoluer son langage architectural. Déjà au début des années 2000, sa manière « classique » laisse place à des nouvelles expressions. Il se détourne des quelques principes qui avaient pu apparaître fondamentaux, en particulier la mise en valeur des éléments structurels et le recours à une ornementation historiciste. C’est Bart Verschaffel qui avance le concept de « compositions volumétriques » et reconnaît la tour du Balloir comme un prototype. Il y a une simplification et un développement de formes strictes qui se retrouvent dans les études des 15 dernières années. Aussi bien dans des projets de logement privé que d’immeubles communautaires comme la Maison Céramique à Maastricht, la Maison Sans Logis ou les Terrasses de Saint-Gilles achevées en 2014, sur les hauteurs de Liège.

Pierre Henrion

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